Histoire d'une restauration
La restauration.
Il s'agit d'un réveil en fonte dont le boitier est bien oxydé. Les deux aiguilles et l'index de sélection de l'heure de réveil sont absents.
A l'ouverture je constate que c'est un mouvement Japy à un seul barillet.
Je commence donc par un démontage du mouvement et un dégraissage aux ultrasons. Il s'ensuit un second nettoyage dans un bain d'horloger de ma fabrication, aux ultrasons toujours.
Après nettoyage, les pièces sont examinées et je remarque une usure prononcée de l'axe de la roue de centre côté platine avant. C'est une véritable gorge qui s'est creusée sur l'axe
A la vue de la creusure causée par le frottement, il n'y a pas d'autre solution que de procéder à un re-cylindrage de la portée.
Cette opération sera effectuée sur mon tour Lorch.
Le diamètre ayant diminué, il faut impérativement bouchonner la platine, le bouchon est prêt.
Si le fait de recylindrer la portée avait ôté le reste de l'épaulement utile pour arrêter l'emmanchement de la lanterne de la grande aiguille, j'aurais alors usiné une bague à la cote initiale de la portée et emmanché celle-ci sur l'axe. En mécanique, on appelle ça poser une fourrure.
Voici le bouchon posé.
Conjointement à cela, la désoxydation du boitier est en cours et c'est là qu'il faut se souvenir des cours de physique-chimie de 1962 dispensés à l'époque par Mr Miant alias Maxwell comme nous l'avions surnommé.
Un chargeur de batterie 12 V de 1977 (si,si), de l'eau, de la lessive de soude ou du chlorure de sodium (gros sel) Reliez la borne + à votre pièce à dérouiller et la borne - à un morceau de tôle d'inox. Plongez le tout dans un bac en plastique, recouvrez votre pièce à désoxyder avec de l'eau, branchez le générateur et rajouter un peu de lessive de soude, il va se produire un dégagement de bulle, le travail commence. Il peut être nécessaire de laisser l'ensemble travailler de quelques heures à une nuit entière, brossez de temps en temps et le résultat sera celui-ci.
il est prudent de réaliser cette opération dans un local bien ventilé car le dégagement de bulles c'est de l'hydrogène et c'est hautement inflammable.
L'avantage de la désoxydation électrochimique est que l'intégrité de la pièce est préservée, pas d'abrasion, pas de rayures et puis, ça agit dans les creux !. Evitez de tremper les cosses dans l'électrolyte, elles vont se désagréger, interposez un fil de cuivre .
Les pièces du mouvement sont toutes propres, elles ont même passé un peu de temps dans la machine à polir, ça marche tellement mieux quand ça brille.
Le mouvement étant remonté, on va s'occuper des aiguilles.
Les deux canons d'origine, en haut et les deux aiguilles neuves en bas. On voit que les canons des aiguilles neuves ne vont pas aller (c'est toujours comme ça)
Le canon de la petite aiguille neuve ne pouvant servir, je vais dessertir ce qui reste de la petite aiguille sur l'ancien canon pour récupérer celui-ci.
Fin de l'opération, j'ai fait sauter la virure, j'ai ôté ce qui restait de l'aiguille et fait une portée propre pour accueillir la nouvelle aiguille.
il faut maintenant réaliser la même opération sur l'aiguille neuve, la dessertir de son canon pour la récupérer.
Voila, c'est fini, l'aiguille est posée, il a fallu aléser un peu l'alésage de l'aiguille pour l'ajuster, on voit que le diamètre laiton déborde un peu, juste ce qu'il faut pour mater et sertir l'aiguille. On voit aussi que l'outil à léché un peu l'aiguille, on re-bleuira.
Je ne vais pas "m'amuser" à dessertir le canon de la grande aiguille, il est plus facile d'usiner le neuf à la demande. A gauche une grande aiguille neuve et à droite celle que j'ai usinée à la demande.
Ayant trouvé des traces de peinture noire, j'ai repeint le réveil en noir.
Commentaires
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- 1. Viviane Le 21/01/2017
Toujours aussi passionnée ! Toujours aussi impressionnée par votre savoir-faire.
Bravo Jean-Pierre -
- 2. Ardoin Saint Amand Le 19/01/2017
Bravo.
Combien j'aimerais être capable de faire la même chose...
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